La Dépêche de la Gazette Des Arts N°27 du 15 novembre 2015
De véritables temps forts marquent la saison.
Tout d’abord le succès foudroyant pour la 7ème édition du Salon Business’Art, qui s’est déroulée en octobre, avec un panel de créateurs impressionnants par leur éclectisme et leur talent. Pour que vive la session 2016 !
L’engouement pour Picasso confronté à la réalité artistique contemporaine, à lire dans Les bons plans de la Dépêche... Pour continuer, en ce mois de la photographie, avec les clichés de Karl Lagerfeld, égérie de la mode française, à noter Du côté des artistes. Alors qu’Echos de Psyché nous interpelle sur les liens entre art et psychose, avec le témoignage de Gérard Garouste. Etonnant !
Puis comme les indicateurs nous le confirment, la montée en puissance de la création marocaine surprenante de découvertes, réactive et dynamique. D’hier et d’aujourd’hui, elle conforte le rapprochement culturel entre le Royaume chérifien et l’Occident. A ne pas manquer dans Actualité du marché de l’art.
Une aventure que nous suivons, pas à pas, dans nos rubriques et plus spécifiquement dans Art Cotations News qui en étudie le marché.
Enfin pour s’informer ou se divertir, notre délicieuse sélection d’ouvrages, dans Le coin du bibliophile !
De plus en plus fidèles à notre écoute !
Merci et bonne lecture
Georges LEVY
Les bons plans de la Dépêche
Picasso crève l’écran de la toile parisienne
Exposition au Grand Palais, trentième anniversaire du musée portant son nom situé à l’Hôtel Salé, dans le Marais. Picasso est à l’honneur !
Des quelque vingt manifestations monographiques ou collectives qui se sont succédées depuis sa disparition en 1973, l’exhibition Picasso.Mania semble être la suite logique de Picasso et les maîtres présentée en 2008, au même endroit… Parcours qui confrontait passé et présent, au-delà des ruptures stylistiques et des innovations formelles, croisant au gré de la peinture du maître, des icônes telles Greco, Vélasquez, Goya, Ribera ou Poussin.
Nous voici maintenant interpellés par cette figure emblématique et l’empreinte consécutive qu’il laisse sur la création contemporaine.
“Confronté à l’oeuvre de Picasso, vous ressentez un choc émanant de cette intensité, cette puissance. Elle est irrésistible et totalement universelle“ confie alors Didier Ottinger, commissaire de l’exposition.
Le dialogue avec les plasticiens est naturel, incontournable, tant sa création est immense.
Génie précoce, artiste engagé et précurseur, inventeur de l’art moderne, séducteur, patriarche, l’image de Picasso n’a cessé d’évoluer. Proposant ainsi sa relecture voire son adaptation sur des toiles encore vierges de toute inspiration.
Apparaissant, dès 1960, comme l’une des figures de proue du Pop art naissant, Roy Lichtenstein peint, par exemple, une première série d’oeuvres inspirées par Picasso, des portraits, des natures mortes, de la série des Femmes d’Alger… Il en simplifie les images, achevant de leur conférer un statut d’icônes populaires.
Les masques de Romuald Hazoumé se présentent, pour leur part, comme un hymne à ce que Picasso découvre dans l’Art nègre. L’élaboration de signes plastiques qui assureront l’essor du cubisme synthétique ainsi qu’une solution esthétique qui aboutit à la liberté aspirée.
Alors que David Hockney, réinventant le cubisme du XXIème siècle, multiplie les points de vue, composant l’image des jongleurs et des acrobates sortis du grand rideau de Parade.
Des phénomènes artistiques qui démontrent bien que le travail du maître est toujours d’actualité, qu’il suscite nombre de vocations, donnant à l’univers de l’art, ce bain de vitalité et d’énergie, que Picasso.Mania illustre parfaitement.
Chantal GUIONNET-FUSCO
Du coté des artistes...
L’objectif protéiforme de Karl Lagerfeld
Karl Lagerfeld est un créateur à part entière… A la fois designer, photographe et couturier, l’esthète explore les multiples facettes d’un style changeant pour ne pas dire mutant avec le temps. Il embrasse les structures architecturales, côtoie les rivages et redessine les paysages.
L’exposition Karl Lagerfeld “a visual journey“ présentée à la Pinacothèque montre un univers artistique singulier, fait de souplesse et d’élégance. Jouant avec les motifs, les sujets traitant de Paris la nuit, mais aussi du phénomène de l’abstraction et de son indiscutable goût pour les arts graphiques aussi bien que pour les installations qu’illustrent Daphnis et Chloé ou Le voyage d’Ulysse.
Des clichés photographiques qui constituent sa passion de l’instant, de l’éphémère sous-jacent.
Pour ne jamais se répéter, aller plus vite que la lumière… Se familiariser avec le regard d’autrui, son interprétation imaginative, donnant à ses techniques, la relecture qu’il est bon d’apprécier, pour faire évoluer une discipline qui ne cesse de nous étonner quotidiennement.
L’incarnation de l’âme italienne
Timide et réservé, Angelo Maggi vient de se voir décerner le 1er Prix de peinture Artistes du monde à Cannes en septembre de cette année.
Une peinture, une sculpture ainsi qu’une scénographie qui ensemble reflètent l’histoire mais aussi les mythes de l’Italie, ses vestiges, l’ombre des paysages et ses muses légendaires. Les scarifications de ces motifs, parfaitement étudiés, font directement référence à l’Antiquité, ses richesses et donc au temps que l’on ne peut maîtriser et qui demeure la pierre angulaire de toute civilisation.
Autant de significations qui font que la péninsule apparaît, dans ses toiles, comme une terre de sagesse empreinte de philosophie. La candeur et la position méditative de ses personnages symboliques donnent à son travail, un style particulier à la fois empreint de ferveur mais aussi réflexion sur l’évolution d’un monde dérouté par tant de laxisme et d’incompréhension.
Et pourtant, les yeux fermés, ses acteurs semblent rêver à d’autres formes d’errance qui donneront à l’univers, paix et joie retrouvés.
L’environnement gorgé de soleil, éclatant de couleurs se confrontant avec les tons ocres de ses héros est un hymne à la Méditerranée. L’impalpable féminité qui domine le monde, lui donne un nouveau souffle et élève l’âme vers d’autres horizons.
Son oeuvre rassure, apaise.
Un régal pour nos yeux égarés !
Chantal GUIONNET-FUSCO
Echo de Psyché
Rencontre avec l’ineffable
“Une nuit, je croise un homme sur une route de campagne. Il s’arrête et m’explique que l’humanité se divise en deux catégories d’individus : les Classiques et les Indiens. Ils sont inséparables, marchent toujours par paire. Un Indien ne se déplace jamais sans son Classique, de même que l’intuition ne peut se passer de la raison“.
Ces phrases tirées de L’Intranquille. Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou, livre écrit avec Judith Perrignon aux éditions L’iconoclaste, témoignent du malaise d’un créateur que la folie guetta au bord du chemin.
Un cheminement, une extase, un égarement qu’il a su maîtriser avec force et conviction sur une toile devenue surréaliste… Lui qui se dit plus à l’aise dans les mythes et à lire la Bible que devant la vie des autres. Déclarant que la peinture est son amie.
Conscient, presque dans un délire euphorique, qui plus que lui a su côtoyer le Talmud, les mythes et légendes, les forces démoniaques, les tensions, les torsions, les figures allégoriques ou surnaturelles pour leur donner toute l’énergie de l’image naissante, en les faisant dialoguer sous forme d’un jeu de gestes sans parole.
L’art est pour l’artiste : “un moyen d’accéder à la connaissance. L’art permet d’exprimer l’inexprimable, de révéler ce qui, sans lui, serait resté caché…“
Rencontrer Gérard Garouste, son univers, c’est partir en chemin, vers une découverte métaphysique que l’artiste n’a pas fini d’étudier et d’approfondir pour nous révéler une création toujours plus intense et lumineuse avec l’originalité qu’on lui connait.
Chantal GUIONNET-FUSCO
Actualité du marché de l’Art
Quand le Maroc surprend le monde !
Stabilité politique, forte croissance économique, le Maroc a su tirer profit de la situation pour s’ouvrir à l’international. Exhiber ses centres d’intérêt, entrer dans la mondialisation puis attirer nombre d’investisseurs. Nouvel Eldorado ? Ce qualificatif n’est pas si éloigné de la réalité… Car tous les secteurs sont concernés par cette embellie. Président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi devait même déclarer que : “La culture est le vecteur primordial de la croissance économique“.
La création s’émancipe, se libère pour donner le meilleur d’elle-même. Un renouveau informel qui embrase l’univers artistique, depuis les années 60.
Nombre de manifestations illustrent la volonté de faire connaître un territoire riche et complexe à la fois berbère, juif, aux influences phéniciennes, romaines, arabes ou africaines. Une identité que le Royaume défend par la mise en place de structures adaptées, afin de mettre en avant le ferment artistique, dans tous ses états, dans tout son éclat.
Précisons que l’exposition Le Maroc contemporain présentée à l’IMA a réuni quelque 85.000 visiteurs. Que la création du musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain à Rabat est la première institution muséale entièrement dédiée à ce thème. Sur 6813 m², ce sont 150 artistes et quelque 400 oeuvres qui sont présentées.
Qu’en 2016-2017, Marrakech ouvrira un nouveau musée… le MACAAL (musée d’art contemporain africain Al Maaden). Il s’agit pour la directrice générale de la Fondation Alliances qui conduit le projet, Alexandra Balafrej, “De pouvoir rendre l’art accessible au plus grand nombre. De le confronter au regard des néophytes ou amateurs passionnés“… Par ce que le peintre et galeriste Mohamed Rachidi nomme les nouvelles attitudes artistiques au Maroc… Incluant l’art numérique, la technologie, les installations, les vidéos sans oublier la dimension classique d’un art porté par les plus grands créateurs depuis le début du XXème siècle.
Carrefour entre l’Afrique, l’Orient et l’Occident, le Maroc s’interroge, réinterprète son histoire, médite sur le temps et l’espace. Mais aussi sur la place de l’art dans la société, son rôle exercé, sa place dans l’environnement. Une culture hybride, foisonnante qui voit l’arrivée de nouveaux collectionneurs comme Xavier Guerrand-Hermès, vice-président de la célèbre marque, qui est un fervent fidèle de la création marocaine.
L’abstraction considérée généralement comme une règle artistique, un art conventionnel n’échappe donc, aujourd’hui, à personne.
L’Art du Maroc s’affiche donc au monde, avec son flot de talents qui explose le marché. Pour parfaire cet objectif, une nouvelle loi de finance vient d’être adoptée, cette année, permettant le lancement d’une stratégie gouvernementale de la culture, qui sera mise en place en 2020.
Un premier pas qui en dit long…
Chantal GUIONNET-FUSCO
Le coin du bibliophile
Matière à rire, l’intégrale
Nouvelle édition
Raymond Devos
Editions Plon
Charger, l’idée de poids dans la caricature
Alain Deligne
Editions L’Harmattan
L’Intranquille. Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou.
Jean-Marc Lachaud
Editions L’Harmattan
Les écrivains qui ont fait la République
Zeus et ses Dieux
Essai
Pierre Pelou
Editions L’Harmattan
De l’art du bonheur
Jean-Claude Guilbert
Editions Plon
Les chefs-d’oeuvre d’art africains et européens
Regards croisés
Henri Moussima Njango
Editions L’Harmattan
