La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 1er juin 2016


A commencer, dans Les bons plans de la Dépêche, par la 1ère exposition consacrée à Alberto Giacometti sur le sol africain, précisément à Rabat, au musée Mohammed VI. Poursuivons, par le clin d’oeil fait à Marc Lagrange et son univers érotique à la Hune, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, jusqu’au 5 juin, à visiter Du côté des artistes. Alors qu’ Echos de Psyché explore, à travers Mental désordre présenté à la Cité des Sciences, la manière de changer de regard sur les troubles psychiques... Passionnant ! Tandis qu’Actualité du marché de l’art met en lumière l’oeuvre complexe d’Anna Kara, ayant reçu la Toile d’or de l’année 2011, par la Fédération nationale de la culture française, pour son oeuvre Darling.
Et toujours pour s’évader nos délicieuses suggestions de lecture, dans Le coin du bibliophile.

Artistiquement Vôtre
Georges Lévy
 

Les bons plans de la Dépêche

Giacometti... Aux sources de son inspiration !

A peine inauguré, le musée Mohammed VI situé à Rabat confirme bien le statut de cette capitale devenue le sanctuaire de l’art et de la culture. Cinquante ans après sa disparition, l’hommage rendu à Alberto Giacometti en est l’illustration. Plus de cent oeuvres majeures, peintures, sculptures et dessins qui reflètent le parcours de cet artiste influencé par l’art africain et océanien, au même titre que par Fernand Léger, ou le sculpteur Jacques Lipchitz marqué par le primitivisme et l’expressionnisme. Ami de Carl Einstein et de Michel Leiris, attiré par l’art non-occidental, il s’éloigne peu à peu d’une représentation naturaliste et académique pour une vision totémique et hallucinée de la figure, con férant à cette dernière, une puissance mystique, que l’on a mal à décrire. Sartre en viendra même à écrire sur la question de la perception chez l’auteur. Le philosophe dira qu’il peint le vide. Pour souligner qu»Il y a de la sculpture à la peinture, le même rapport d’antithèse que de l’être au néant, de la matière à la distance ou de la promiscuité à la solitude.»

Car il existe chez ces deux personnages, la volonté de faire exister des hommes et des femmes comme des totalités absentes, tout en les rendant présentes. Giacometti travaille le fragment comme évocation du tout, comme le surgissement d’une vision, dans l’espace du spectateur. L’artiste veut surprendre son public. L’étirement de ses formes signifie la figure en mouvement. L’oeuvre épurée, au détail minimisé voire absent de son travail transcrit son obstination d’aller à l’essentiel. De fuir le superflu, peut être par peur de manquer, à sa vocation première, de faire transparaître le message réel qui se lit au coeur de son ouvrage.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016

Chantal GUIONNET-FUSCO

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Du coté des artistes...

Elever la sensualité à un niveau supérieur

La Hune met à l’honneur l’oeuvre fantasmée de Marc Lagrange disparu à Noël, en 2015. «C’est un projet réalisé du vivant de notre père. Exposé à la galerie Bartoux, aux Champs-Elysées... Il voulait un endroit plus excentré, plus vivant. Saint-Germain-des-Prés est un lieu mythique où se sont côtoyés nombre d’intellectuels et de créateurs. Il sied très bien à la philosophie de son travail, pris entre le rêve et la beauté des formes» souligne alors l’un de ses fils. Ayant commencé par la photo de mode, son univers s’est métamorphosé, pour donner à ses clichés plus de pureté dans les formes. Le détail, le regard, la pose sont pour l’artiste, des atouts majeurs. Le projet est bien soigné, l’image est nette, comme pour faire deviner l’essentiel ; cette insondable beauté du corps soit en mouvement, soit statique... dont la sensualité transparaît à chaque instant.

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A signaler...

Le Festival des Arts de Chatou, sur l’île des Impressionnistes vient de fêter sa 4ème édition, avec grand succès...
Tout le public était là pour manifester son intérêt pour l’art, dans toute sa diversité.
Une ambiance décontractée, un cadre somptueux, un lieu symbolique qui inspira nombre de créateurs... Et le tour est joué pour la 5ème édition, avec autant de surprises !

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Chantal GUIONNET-FUSCO

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Echo de Psyché

Pour converser avec la folie...

Alors que les troubles mentaux touchent 1 personne sur 4 en Europe. Que la dépression qui frappe 10% des hommes et 20% des femmes est la plus grande cause d’invalidité en France... La Cité des Sciences et de l’Industrie se propose, jusqu’au 28 aoüt, non seulement de relater son histoire, mais de confronter la société à ce phénomène avec lequel, elle doit composer. Cesser de stigmatiser les symptômes, afin de changer le regard sur cette maladie qu’Erasme, dans son Eloge de la folie, décrira contrairement à la «faible raison qui n’apporte que des tourments», comme «une source de vie et de tous les plaisirs qu’elle envisage, dans un plaisant désordre».

L’exposition Mental Désordre nous invite à partager pour mieux les comprendre, angoisses, névroses, phobies et autres genres qui déstabilisent nos capacités psychiques, nous éloignent de tous rapports et nous maintient en survie dans un univers étrange.

Des hôpitaux psychiatriques, où l’on enfermait les malades alors attachés au lit, revêtus de camisoles de force, traités par électrochocs, à qui l’on administrait massages ou bains froids, sans compter les séances d’exorcisme pour exulter le mal qui ravageait le corps et l’esprit... Tout est ici scrupuleusement décrit, dans une mise en scène qui plonge le spectateur, au coeur du débat. Pour l’heure, le cabinet de Sigmund Freud y est représenté, conférant à la psychanalyse, le rôle fondamental qu’elle exerce encore aujourd’hui pour soulager les patients.

Les panneaux illustrés de l’artiste visuel Wappu Rossi, donne à la manifestation, une force supplémentaire. Ils décrivent le désarroi de malades en proie à des crises de démence. Un visage au regard obsessionnel qui se fond dans l’abîme. Ou une main tendue pour ne plus être vu.

Quelles sont les limites de la raison ? Qu’est-ce qui nous fait plonger dans la folie ? Comment vivre avec cette pathologie et s’adapter à la société... Autant de réflexions qui changeront notre comportement face à la maladie.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016

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Chantal GUIONNET-FUSCO

Actualité du marché de l’Art

Crâne sur toi je bâtirai un empire !

Loin de ces vanités morbides que l’on trouve sur les cimaises, depuis l’Antiquité, évoquant la vie humaine et son caractère éphémère... L’antre d’Anna Kara est ludique, fantaisiste, comme un pied de nez fait à la morosité.

Son humour est enjoué. Ses crânes sont autant d’anges gardiens qui l’affectionnent. Que cela soit sur toiles, sur bijoux ou sculptures, ils sont omniprésents. «Cette partie du squelette représente, pour moi, la simple vérité, sans artifice ni mensonge. Derrière, il n’existe plus rien. C’est pour cela, qu’ils revêtent des allures différentes, tantôt auréolés de bonbons ou d’autres attributs qui leur donnent fraîcheur et vie, sans complexe.»

Tous dictent une écriture, un langage qu’il faut décrypter. Leur apparence est sensuelle, allégorique. C’est l’illustration faite du bonheur de vivre. Un sentiment qui plonge l’artiste, dans l’extase et la jouissance. Comme d’humeur euphorique, à l’image de la créatrice, ils pétillent de gaieté... En somme, cette une excitation à l’état pur qui émerveille notre quotidien. Champagne !

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Chantal GUIONNET-FUSCO

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Le coin du bibliophile

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016Apollinaire, le regard du poète

Ouvrage collectif
Editions Gallimard
45 Euros

 

 

 

 

 

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016Marc Lagrange

Senza Parole
Editions Teneues Media
79.90 Euros

 

 

 

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016Rodin érotique

Editions Fondation Pierre Gianadda
42.60 Euros

 

 

 

 

 

Apocalypse des religionsLa Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016

Pathologies et dévoilements de la conscience religieuse contemporaine
Patrick Laube
Editions L’Harmattan
28.50 Euros

 

 

 

 

 

 

Esprit singulierLa Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016

Editions Flammarion
49.90 Euros

 

 

 

 

 

 

Picasso et les Arts et traditions populairesLa Dépêche de la Gazette Des Arts N°33 du 15 mai 2016

Un génie sans piédestal
Editions Gallimard
35 Euros

 

 

 

 

 

 

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La Dépêche de la Gazette Des Arts N°32 du 15 avril 2016