La Dépêche de la Gazette Des Arts N°30 du 15 février 2016

La Dépêche de la Gazette des Arts fête son 30ème numéro !

Encouragée par un lectorat fidèle et toujours plus nombreux, elle vous invite à explorer la marche du temps, l’évolution de l’art, la création dans toute sa diversité. Commençons alors par la figure de proue de la Bible et de la Torah qui est l’enseignement divin transmis par le prophète Moïse, auquel le Musée d’art et d’histoire du judaïsme rend hommage, en décryptant sa représentation à travers l’histoire de la peinture, à lire dans Les bons plans de la Dépêche. A noter, dans la rubrique Du côté des artistes, l’univers fantasmagorique et chargé d’histoire de Sergeî Prolakov. Alors qu’ Echos de Psyché se penche sur le rôle de l’émotion dans la peinture. L’art s’émancipe, se démocratise… L’Art urbain a le vent en poupe, à lire dans Actualité du marché de l’art.

Et toujours nos délicieuses pépites pour la détente et le savoir, à lire dans Le coin du bibliophile.

Un grand merci à tous
Artistiquement vôtre !
Georges LEVY

Les bons plans de la Dépêche

Moïse : la révélation

De sa représentation à la synagogue de Doura Europos, dans l’actuelle Syrie, à l’ouvrage de Philon d’Alexandrie, en passant par Martin Luther King qui lui vouait un culte profond en dialogue permanent et fécond avec le rabbin Abraham Josha Heschel, voire l’oeuvre maîtresse de Michel-Ange sculptée pour le tombeau du Pape Jules II, à Rome… La figure de Moïse, puissante stature portant les Tables de la Loi, est omnisciente. Présente dans les arts, la philosophie, la littérature ou la politique, elle véhicule un savoir, une sagesse dont la portée du message inspira nombre de créateurs.

L’exposition Moïse, figure d’un prophète présentée au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme est plus qu’une évocation, c’est le témoignage vivant d’un destin saisissant d’intensité.

Cent cinquante peintures, sculptures, dessins, gravures, objets d’art, manuscrits et livres illustrent l’importance et la diversité de son image de l’Antiquité à nos jours.

Moïse est le prophète qui a vu Dieu, a dialogué avec lui, a fait l’expérience de l’ineffable puis est redescendu pour témoigner auprès des hommes. Il est le passeur de la Torah. Dans sa «Vie de Moïse», l’ouvrage de Philon d’Alexandrie, Moïse devient l’idéal roi-philosophe, grand-prêtre, législateur et prophète. Il incarne la force, l’ouverture, doté d’un esprit visionnaire et libérateur. Les Pères de l’église voient en lui, la préfiguration la plus accomplie du Christ ! Avant de fonder, en 1906, l’école Bezalel à Jérusalem, Boris Schatz entame un cycle de conférences autour de la figure du prophète. Autant d’exemples qui prouvent que l’on aime être proche de lui, par nécessité ou dévouement, mais aussi pour bénéficier de ses vertus… A-t-il pu être le pourvoyeur à la source du sionisme ?

Le prophète est donc un intercesseur qui nous guide vers la lumière. La représentation de la Révélation, le don de la Loi au Sinaï sont, à cet égard, des thèmes récurrents qu’ont retrouvent aussi bien chez Chagall, Poussin ou Philippe de Champaigne.

Il est un modèle d’humilité qui rassemble l’humanité.

Le Pentateuque se clôt d’ailleurs sur cette phrase : «Il ne s’est plus levé sur Israël de prophète tel que Moïse, que le Seigneur a connu face à face ».

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°30 du 15 février 2016

Chantal GUIONNET-FUSCO

Haut de Page

Du coté des artistes...

Sergey Frolakov : le 6ème sens à l’épreuve de son temps

Etre saisi par les toiles de Sergey Frolakov, c’est un peu remonter le cours de l’histoire. Prenante pour ne pas dire envoûtante, sa peinture nous invite à revisiter notre espace, s’interroger sur les effets plus ou moins pervers d’une urbanité qui parfois nous dépasse par la dimension de ses actes qui conduisent à la déperdition de l’homme et le mènent à sa chute.

Architecte et designer, le regard que porte l’artiste sur la société s’inspire d’une scène fantasmagorique, où chaque détail révèle un mystère, un état d’âme et une vision sur l’avenir.

A la fois tragique et sincère, sensuelle et émouvante, son épreuve semble traverser le temps. A la manière de Jérôme Bosch, confronter le religieux au laïc, l’enfer au paradis…

Natif de Saint-Pétersbourg, Sergey Frolakov est rivé à cette terre de prédilection, imprégnée de grandeur, porte ouverte sur l’Europe, qui ne cesse de l’influencer dans ses choix, dans ses marques, par l’attrait qui s’en dégage…

L’approche qu’il en a, est donc indissociable du sentiment profond qu’il éprouve devant chaque bâtiment, la mémoire de ses institutions, la beauté de ses offices.

Sa touche est le reflet d’une vie, le témoignage vibrant d’un passé dont il cherche toujours le fondement intime et les raisons d’espérer.

Sa peinture est donc insaisissable, fascinante par l’ardeur de ses propos, surprenante par le cheminement d’une pensée que seule l’imagination maîtrise et métamorphose à sa guise.

Une grand oeuvre, donc, qui ne peut laisser indifférent.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°30 du 15 février 2016

Chantal GUIONNET-FUSCO

Haut de Page

Echo de Psyché

Quand le coeur bat pour l’art

«On ne peint pas seulement avec des couleurs, on peint avec les sentiments»

Vérité que cette phrase de Chardin qui retient le souffle… Un fruit suspendu à la branche qui nous stupéfait, nous intrigue ou nous comble de joie par la beauté d’une nature vivante, en mouvement, donnant le meilleur d’elle-même, chaque instant.

L’émotion est cette vibration, cette matrice, matière première de l’art, du désir et du rêve.

L’oeuvre est un ressenti, une respiration, une part inhibée de notre moi profond qui s’échappe et s’envole au grand jour, sous les traits démasqués rendus visibles par une toile qui leur donne vie et les inonde de lumière.

Un sentiment, une communion qui nous invitent au partage et à la communication.

La magie de l’émotion tend à l’universel. Elle est révélation, féerie, incitation à la création sans cesse renouvelée.

Acte de grandeur qui semble aujourd’hui compromis par trop de rapidité, de superficialité.

Saurions-nous oublier que l’artiste qui réalise des oeuvres et des langages éveillant nos attentes, s’approche de la construction de savoirs, dans le sens de connaissance et de sagesse ?

Aujourd’hui, force est de constater que l’art contemporain, dans ses phases successives, ne suscite plus d’émotion.

Or elle est une expérience humaine qui touche le mystère et la spiritualité. Fondamentale, elle est source de notre raison, de notre folie et de ses fantaisies, aussi.

Des structures qui nous forment, nous métamorphosent… En somme nous font exister.

Les annihiler, c’est vouloir dénuer l’homme de l’élément vital qu’est la création.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°30 du 15 février 2016

Chantal GUIONNET-FUSCO

Actualité du marché de l’Art

Forte embellie pour l’Art urbain

Des records de ventes aux enchères chez Artcurial, un premier Salon qui s’ouvrira à Paris au printemps prochain, une présence accrue au Maroc, avec un événementiel à Essaouira autour de l’artiste italien Giacomo Bufarini, alias RUN à l’occasion de la 6ème Biennale d’Art contemporain de Marrakech…. L’exécution d’une performance au sein même du théâtre de l’Européen, on peut dire que l’Art urbain ou le Street art se porte bien.

Parmi, les grands courants, longtemps décrié, il a su trouver sa place. Se conformer aux règles du jeu et de l’espace.

Comme précisé par les experts, il véhicule un message, au grand jour. Un souffle de liberté qui donne sens aux choses du commun, à notre environnement.

Une excitation, un langage complémentaire qui permet de sortir des grands circuits de distribution. Le Street Art n’a pas pour vocation de provoquer, mais d’explorer de nouveaux contextes, des formes surgissant de nulle part. A l’instar de RUN, partisan de la renaissance muraliste qui fut l’un des premiers aspects de l’Art urbain truffé de symboles.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°30 du 15 février 2016