La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016


“Oui tous ces oiseaux qui étaient si bien là-haut dans les nuages…“

Les ont rejoints – en ce début d’année 2016 – Michel Delpech et la beauté naturelle de son univers empreint de profondeur d’âme. Mais aussi Michel Galabru et sa verve truculente dont se souvient toujours Saint-Tropez, ou encore Pierre Boulez, dont la personnalité marqua le paysage musical français… Sans oublier le créateur André Courrèges dont l’inspiration révolutionna la Haute couture. Enfin la superstar du Rock, David Bowie.

L’art dans sa diversité est – aujourd’hui - en deuil.
Mais la vie continue !

Le mois de janvier est aussi celui de la renaissance, des bonnes résolutions. Le nouvel an russe que nous célébrons à travers l’artiste Anna Pokrovova dont vous trouverez le portrait, dans la rubrique Du côté des artistes. Alors que Les bons plans de la Dépêche se penchent sur l’histoire de l’Egypte et la grandeur de sa civilisation, aujourd’hui menacée. Pour continuer avec Echos de Psyché qui observe les prismes du fantastique et de l’effroi à travers les âges. Quant à l’Actualité du marché de l’art, elle nous invite à découvrir le célèbre Marché aux Puces… Tout un symbole !

Et toujours nos ouvrages dans Le coin du bibliophile.

Excellente Année à vous tous !
Qu’elle vous comble de joie et de bonheur….
Bien sincèrement

Georges LEVY

 

Les bons plans de la Dépêche

Égypte : ces quarante siècles qui nous contemplent !

Grandeur, fascination, émerveillement ; les qualificatifs abondent pour décrire l’Égypte qui avec la Mésopotamie ont été les berceaux des deux plus vieilles civilisations.

Entre le début du IIIème millénaire, où commence son histoire, et la conquête perse (525 avant J.-C.) qui mit fin à son indépendance, l’Égypte a connu des fortunes diverses, et bien des transformations ont affecté ce pays. Pourtant la civilisation originale qui est née sur les bords du Nil a conservé jusqu’à la fin des caractères durables ; c’est ce qui en constitue l’intérêt exceptionnel. Dès lors des expéditions furent entreprises, et l’Empereur Napoléon Ier, en s’emparant de l’Égypte, fit du rêve d’Orient, une réalité. On voulait pénétrer le mystère, aller à la découverte de l’Histoire, de ces gigantesques édifices façonnés par la main de l’homme pour la gloire de Pharaon. Quelque cent soixante-sept savants et ingénieurs collectent plantes, sarcophages et deviennent archéologues. Ils mesurent les monuments, dessinent et recopient les merveilles de l’Égypte. La moisson de documents accumulés lors des trois années de l’expédition donne lieu à la monumentale Description de l’Egypte qui occupera l’Imprimerie impériale, pendant presque un quart de siècle. Si l’Egypte, pour les Français, représente la terre d’origine des sciences et des arts, elle incarne, en elle, le mystère de la mort. Or, après la révolution, la France est en pleine déchristianisation. La difficulté pour les révolutionnaires athées est de retrouver un symbolisme de remplacement pour la mort. L’Egypte le leur fournit. Une profusion d’obélisques et de pyramides verra le jour, s’ensuivra une effervescence ésotérique d’où la franc-maçonnerie sortira victorieuse. Sous le Consulat puis le Premier Empire, l’art décoratif adopte le style baptisé Retour d’Egypte. Les meublent se parent de têtes de sphinx et de hiéroglyphes. Côté mode, les Parisiennes et la grande aristocratie portent le châle en cachemire enturbanné, à la manière des mamelouks. Cette frénésie surnommée Egyptomanie est à son apogée. Elle se poursuivra tout au long du XIXème siècle pour se prolonger au XXème, inspirera poètes et intellectuels, au gré de leurs parcours. Pierre Loti fut ainsi conquis par cet exotisme saisissant, explorera le Nil, fleuve mythique «qui porta tant de barques de dieux et de déesses derrière la grande nef d’or d’Amon et qui ne connut à l’aube des âges que d’impeccables puretés...» Une image qui l’encensera. D’ailleurs, pour manifester leur gratitude, les grands prêtres des pharaons invoquaient non pas un mais trois Nil. Celui de la couleur azur du ciel, faisant référence à l’eau, pressenti comme un don des dieux à l’humanité. Puis le Nil, source de vie, dont les crues rythmaient la vie rurale. En outre, il participait à l’expansion du pays. C’est en le parcourant, que les échanges et le commerce ont pu prospérer. Très tôt, les pharaons organisèrent des transactions avec les pays qu’ils dominaient : la Nubie source de l’or, la Syrie, la Palestine, la Phénicie qui fournissait le bois de cèdre. Mais il y avait aussi le fructueux commerce avec la Crète, Chypre, le pays de Pount et les côtes d’Arabie riches en aromates. A ce trafic, étaient affectés de gros navires à voile carrée. Enfin le Nil souterrain que traversaient des idoles sur une barque, lors d’une navigation solennelle sur le fleuve.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016

Une destination qui par sa richesse mythologique s’est souvent doublée d’un voyage intérieur. Interrogations spirituelles sur la vie, la mort; d’où venons-nous ? pourquoi nous vivons ? et où allons-nous ? hantèrent les érudits qui proposaient des réponses élaborées à ces formulations d’ordre métaphysique. Le livre des morts nous instruira sur les mystères de l’au-delà. Délicatement posé sur le sarcophage, ou inséré dans les bandelettes, ce recueil, sous la forme d’un rouleau de papyrus, était une cartographie que le défunt devait connaître, pour mieux cerner l’inconnu ainsi que les formules qui lui permettaient de franchir tous les obstacles, jusqu’au royaume des bienheureux et ainsi de rejoindre la barque solaire, pour accompagner Rê, dans son voyage vers l’invisible. Une méditation qui fut au coeur de l’Egypte ancienne. La vie future fut d’abord le privilège du pharaon qui ressuscitait pour devenir un Osiris, symbole de la vie éternelle. Sous l’Ancien Empire, les grands seigneurs et les hauts fonctionnaires, puis à partir du Moyen Empire, tous les fidèles respectueux des rites espéraient, eux aussi, accéder à l’infini.

Comme nous le constatons, même s’il est presque impossible de se faire une idée exacte de la spiritualité des Egyptiens, de leurs convictions intimes, de la nature des  sentiments qu’au fond de leur âme ils témoignaient aux dieux... Nous pouvons être certains qu’ils se sentaient environnés par la présence divine et que la religion n’était jamais absente de leur activité publique ou privée, faisant ainsi intégralement partie de leur quotidien. Il faut souligner que la tradition rapporte que le pays encore divisé fut gouverné par des dieux, puis par des rois rivaux du Nord et du Sud et qu’enfin Ménès, fondateur de la Ière dynastie, unifia l’Egypte en réunissant les deux royaumes.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016

Un panthéon égyptien qui abondait donc en personnes divines célébrées dans les temples. De vastes dimensions, le sanctuaire n’était réservé qu’aux pharaons et aux grands prêtres. L’essentiel du culte s’adressait à la statue où le dieu était considéré comme physiquement présent. Prières, purifications, encensements faisaient partie des rituels observés.

De ces croyances pratiquées, de ces mythes ancestraux, il fallait en évoquer l’image, afin de les rendre virtuel. Mais là encore l’influence des prêtres fut si forte, qu’à quelques exceptions près, relatives à chaque époque, les caractéristiques picturales conservèrent les mêmes aspects, afin de préserver l’unité du système qui fit la gloire de cette civilisation, des siècles durant. Seuls les monuments, tombeaux et temples nous renseignent sur l’architecture et la manière dont ils furent décorés. De l’Ancien Empire datent les mastabas et les pyramides. Nous avons encore tous en mémoire, sur le plateau désertique de Gizeh, près du Caire, les pyramides de Chéops, Khephren et Mykérinos. La première repose sur une base de 5 hectares, 146 mètres de hauteur et 227 mètres de côté. Même si l’on ne sait pas grand-chose de ce pharaon, on notera qu’il fut un grand bâtisseur. Des oeuvres colossales exécutées avec les moyens techniques les plus élémentaires, comme le plan incliné, défient alors l’imagination !

Plus encore que l’architecture, la sculpture était soumise à des conventions impératives. Dès l’Ancien Empire, la statuaire a produit des chefs-d’oeuvre en bois, en pierre ou en métal de toutes tailles. Les plus nombreuses étaient des statues funéraires qui imposaient aux artistes une double obligation : idéaliser le modèle pour lui prêter la majesté divine et respecter la ressemblance pour que l’âme du défunt reconnût son image. Pour obtenir l’illusion de la vie, la statue était peinte, et le regard était animé par l’incrustation de pupilles de cristal. Sereines sous l’Ancien Empire, plus soucieuses sous le Moyen Empire, jamais les physionomies ne furent plus ressemblantes et réalistes que sous le règne d’Aménophis IV, au temps de la révolution religieuse. En filigrane, la vie scientifique et littéraire poursuit son mouvement. Dans le souci d’approfondir les traditions sacrées, l’oeuvre des prêtres est alors considérée, par les Grecs, comme preuve de connaissance et de sagesse. Rappelons qu’en matière scientifique, les Egyptiens ont notamment établi le calendrier divisant l’année en douze mois et le jour en vingt-quatre heures. Même si les documents ne nous permettent pas de faire le point de leurs connaissances en géométrie, l’on s’interrogera toutefois sur la perfection d’une architecture qui supposait une science exacte des surfaces et des volumes.

Sans compter leur compétence en médecine, en pharmacie et en zoologie. D’essence religieuse, les récits littéraires comme les Textes des pyramides, l’hymne à Aton se veulent lyriques, mais aussi pleins de verve et d’expression. Des illustrations qui nous renseignent sur le caractère et les aspirations des citoyens. Un peuple qui croyait que toutes les formes de la connaissance avaient été, dès l’origine, révélées par les dieux. Le rôle de la science sera donc d’étudier les textes sacrés, d’en approfondir le sens pour comprendre le monde. D’où l’importance considérable du passé jouant sur la société. Une civilisation ouverte sur le progrès et son rayonnement. Un héritage que nul ne peut nier. Témoin d’une lumière incandescente que nul ne peut éteindre, sous peine de voir l’univers s’ensevelir et lui faire risquer la terreur et le chaos.

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Chantal GUIONNET-FUSCO

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Du coté des artistes...

J’ai deux amours !

La Russie est sa terre natale. La France, son coup de foudre. Sa toile, l’antre de ses expressions refoulées.

Anna Pokrovova a un passé qu’elle exulte.

Des formes et des couleurs qu’elle met au diapason d’une France qui l’exalte, la séduit par son atmosphère franche et ouverte, portée par les valeurs philosophiques qui ont constitué, entre autres, le Siècle des Lumières.

Authentique, éprise de liberté, de nature et de sa beauté, inspirée par la lumière du soleil… Autant de facteurs qui l’enflamment vers un ailleurs empli de découvertes chatoyantes, qu’elle ne cesse de contempler et d’approfondir.

A chaque réalisation, ses toiles respirent d’un souffle nouveau, d’un charme et d’une fraîcheur légendaires.

Débordant d’imagination, à l’esprit empreint d’une candeur infinie… l’artiste fut très vite conquise par les Impressionnistes du musée Pouchkine. Son approche technique donne à son travail, un éclat particulier.

Peut-on qualifier sa palette de romantique ? A bien des égards, on doit même l’affirmer car elle promeut le coeur et la passion, l’imaginaire, l’exaltation, la couleur et la touche.

Comme le soulignait Charles Baudelaire : “Le Romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets, ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir (…) L’expression la plus récente du beau. Qui dit romantique, dit art moderne, c’est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini“.

Un parcours inclassable qui nous fait rêver.

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L’art en mouvement d’Odon

Ni peintre, ni sculpteur, l’artiste Odon fait évoluer – depuis des décennies - un art inclassable fait de tressages quotidiens, en fibres naturelles. En parfaite adéquation avec son temps, il laisse fluctuer son oeuvre au gré du hasard. “Le tressage est à l’image du chapelet, un objet de dévotion pour compter les prières que je fais chaque jour. Car mon travail, à travers sa réalisation, porte un message, une signification. Sorte de dialogue infini que l’on entretient avec Dieu et l’au-delà. Ce qui me fait affirmer que tisser c’est prier“.

Une ardeur qui l’anime et dont il ne peut se passer. Poétique et cosmique, présenté actuellement à la Galerie Dutko, son travail s’apparente à une sphère dont les multiples connexions s’entrecroisent, s’entrechoquent pour donner l’illusion d’une facture nouvelle, d’un éclat singulier d’où surgiront d’autres formes, toutes aussi complexes.

Issues de recherches méthodiques, voire mathématiques, ses oeuvres peuvent s’assimiler au génie de Léonard de Vinci, dans sa manière de concevoir le cheminement artistique, ses ambivalences et ses confusions.

D’une grande spiritualité, ses spirales nous font voyager, toujours plus loin dans l’espace et l’infini qui ne cesse de nous fasciner.

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Chantal GUIONNET-FUSCO

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Echo de Psyché

Fantastique… Vous avez dit fantastique !

De tout temps, l’homme a cherché à se surpasser. A frôler les forces du mystique, s’appuyant sur ses frêles épaules, pour rêver.

Thème évoqué au Petit Palais à travers les deux expositions consacrées à l’artiste Kuniyoshi et à cet esprit visionnaire qui caractérisa l’histoire de l’art de Goya à Redon… En passant par Le visage de l’Effroi, au musée de La vie romantique. Où des artistes explorent la part obscure de l’âme humaine alors que le rêve de l’irrationnel émerge des sommets de la raison et de l’Esprit des Lumières… Le fantastique est avant tout cette intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste. Une porte de sortie dans un contexte de censure. Déformant le réel, pour le métamorphoser… Il échappe à toute emprise. Survole l’espace, construit une autre dimension, hors du temps et de ses pesantes contraintes. Il invite le bien et le mal au bal de la science-fiction. Avec ce genre, tout s’évapore et devient autre… C’est l’hésitation qui lui donne vie.

Le Fantastique est une lumière qui brille d’espérance…

Mieux encore un salon lui sera consacré, du 26 au 28 février, à l’Espace Champerret.

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016

Chantal GUIONNET-FUSCO

Actualité du marché de l’Art

Le marché aux Puces : plus qu’une légende…

Se promener dans les allées et sur les différents marchés de cette “Foire aux Puces“ revient à une invitation au voyage.

Un dépaysement qui vous emmène à travers les siècles, vous fait contempler les merveilles qui constituent notre patrimoine.

Un marché qui a une longue histoire. Commencée après la Commune et le conflit de 1870, période où les chiffonniers furent alors contraints, par mesure d’hygiène, de s’installer hors de Paris.

La création du métro, dès 1908, permit la desserte de cette Foire naissante.

A partir de 1920, le Marché aux Puces se sédentarise et les premiers marchés tels Vernaison, Biron, Malik et Vallès s’ouvrent au public.

Le Marché vit, la foule s’y presse… Les gitans rempailleurs de chaises et joueurs de guitare entonnent des airs nouveaux : le jazz manouche y trouve sa marque.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Marché prend un nouveau visage. Les ferrailleurs et chiffonniers laissent la place aux antiquaires et brocanteurs. Les espaces Malassis, Dauphine, Serpette ou Paul Bert donnent aux Puces, une dynamique nouvelle.

Aujourd’hui, s’étendant sur 7 hectares, composé de 14 marchés où travaillent 1700 exposants, il constitue l’undes plus grands marchés à l’échelle planétaire.

Une “curiosité“ qui a une renommée incontournable.

Chantal GUIONNET-FUSCO

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Le coin du bibliophile

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016Jean Cocteau le magnifique

Les miroirs d’un poète
Pascal Fulacher, Dominique Marny
Editions Gallimard

 

 

 

 

 

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016Corrida et flamenco : les origines

Essai
Jacques Laffitte
Editions L’Harmattan

 

 

 

 

 

 

 

La Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016Désenchantement du sexe

Dialectique du désir et de l’amour
Claude Esturgie
Editions L’Harmattan

 

 

 

 

 

 

 

Dictionnaire amoureux de la libertéLa Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016

Mathieu Laine
Editions Plon

 

 

 

 

 

 

 

Les formes magiques de l’universLa Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016

Alex Bellos et Edmund Harriss
Editions Laffont

 

 

 

 

L’Art d’Hergé – Hergé et l’ArtLa Dépêche de la Gazette Des Arts N°29 du 15 janvier 2016

Pierre Sterckx
Editions Gallimard

 

 

 

 

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